Dans cette interview, nous recevons Ivan Ferri, chef de projet chez ZANASI, un des principaux fabricants d’imprimantes industrielles. Ivan nous donne un aperçu intéressant de l’impact de la certification PRINCE2 sur les processus d’entreprise et de la manière de mener à bien une carrière de chef de projet.

Pouvez-vous décrire brièvement votre rôle en tant que chef de projet chez ZANASI et expliquer comment la certification PRINCE2 a influencé votre travail quotidien ?

Mon rôle chez ZANASI est de coordonner un projet de développement, en l’occurrence un projet de développement lié à un nouveau codeur industriel.

ZANASI fabrique des systèmes d’impression industrielle à jet d’encre, avec plus de 20 ans d’expérience dans le domaine. Lorsque nous nous sommes lancés dans le développement d’une nouvelle machine, l’entreprise a décidé de saisir l’opportunité de s’engager sur une double voie de croissance : d’une part, le développement d’un produit qui introduirait un nouveau concept de modularité dans le système lui-même et, d’autre part, un changement méthodologique dans le processus de développement.
Dans cette phase spécifique, je me suis vu confier le rôle de chef de projet, chargé de suivre et de mener à bien ce projet d’entreprise ambitieux et important.

La décision de l’entreprise d’opter pour la certification PRINCE2 s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste initié il y a quelques années : l’internalisation des processus à caractère international afin d’accroître sa capacité concurrentielle sur le marché.

La méthode PRINCE2 a eu un impact direct en augmentant notre capacité organisationnelle. Avant de s’engager dans cette voie, aucune personne de l’entreprise ne disposait d’une certification en gestion de projet. On suivait des méthodes approuvées et des méthodes acquises grâce à des formations internes, mais sans certification, ce qui était très inefficace en termes de temps et de ressources.

La certification PRINCE2 nous a permis d’organiser les activités de manière beaucoup plus coordonnée, même entre les départements, car un système d’impression est constitué à l’aide d’un grand nombre de disciplines.

Nous sommes une entreprise qui doit réunir dans ses projets des compétences issues de différents domaines, je pense à la mécanique, à l’électronique, à la chimie, au logiciel. Des mondes différents qui arrivent à être liés les uns aux autres et à fonctionner de manière corrélée grâce à une méthode objectivement flexible. C’est la principale force.

Quels sont les principaux objectifs que vous avez abordés ou que vous abordez dans le cadre de vos projets au sein de ZANASI ?

Les principaux objectifs sont de réaliser de nouveaux produits en respectant des contraintes de temps et de budget, des objectifs assez communs à la méthodologie de développement de produits industriels.

Dans notre cas spécifique, comme je l’ai mentionné précédemment, les objectifs que nous nous sommes fixés à moyen et long terme ont impliqué et impliqueront une nouvelle révolution technologique de l’entreprise et, inévitablement, une nouvelle gestion des projets de développement. Un défi très important, mais qui constitue pour nous un stimulus de croissance continu.

Comment PRINCE2 a-t-il contribué à améliorer la gestion de projet au sein de l’entreprise ? Existe-t-il des exemples d’application de la méthode dans des projets antérieurs ?

Je peux donner un exemple concret. Là où PRINCE2 nous a permis de faire une percée majeure dans la gestion de projet, c’est en nous concentrant sur l’analyse de rentabilité. Aujourd’hui, chaque personne impliquée dans le projet comprend que chaque choix, chaque action, chaque écart par rapport au plan doit être justifié économiquement. Et c’est peut-être là l’application la plus réussie de toute la méthode PRINCE2.

Comment gérez-vous le budget et les ressources de tous vos projets et quels outils utilisez-vous pour vous assurer qu’ils sont livrés à temps et dans le respect du budget ?

Chez ZANASI, nous avons choisi aujourd’hui de commencer à travailler sur des projets avec PRINCE2, en optant pour une approche classique ou Waterfall. Ce choix a été mûrement réfléchi et délibéré ; pour cette première session, l’application de la méthode aurait probablement entraîné le risque de rendre le processus trop complexe, surtout si l’on considère que de nouvelles ressources viennent de rejoindre l’entreprise et qu’elles ne sont pas encore très familiarisées avec la gestion de projet.

Nous avons donc choisi d’utiliser une approche plus linéaire, également dans l’intérêt de ceux qui n’ont jamais connu cette méthodologie.

Cependant, nous sommes conscients que notre objectif est de pouvoir introduire petit à petit d’autres types de gestion et d’approches. Par exemple, le département logiciel souhaite travailler de manière un peu plus agile, certainement aussi en raison de l’affinité de la méthode avec le travail de base qu’il effectue, mais nous sommes convaincus que nous pourrons l’étendre à l’ensemble de l’entreprise, étape par étape.

Outre les compétences techniques, quelles sont, selon vous, les principales compétences non techniques d’un chef de projet chez ZANASI et comment les avez-vous développées au cours de votre carrière ?

Je pense que la compétence la plus importante de toutes est peut-être la gestion des personnes. C’est l’aspect le plus important pour moi, parce qu’au-delà de la compétence technique, que je ne dis pas que vous considérez comme acquise, mais que vous supposez que les gens l’ont, celle qui doit être cultivée jour après jour et qui vous apporte une valeur ajoutée est précisément la capacité à gérer les gens d’un point de vue humain.

C’est précisément pour cette raison que ZANASI a décidé d’entreprendre un autre projet collégial directement supervisé par un coach d’entreprise humaniste soutenu par un autre PM interne. Nous essayons de lier des compétences techniques à des compétences plus humanistes, attachées aux relations interpersonnelles.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent entamer une carrière de chef de projet et quelles leçons avez-vous tirées de toutes ces années ?

La première leçon est que le métier de chef de projet donne des cheveux blancs. Blague à part, la première recommandation que je ferais à ceux qui décident de s’engager dans cette voie, cette carrière, c’est de ne pas le faire en autodidacte.

Les certifications et les cours sont utiles parce qu’ils vous permettent d’approfondir le sujet et, en même temps, d’échanger des points de vue avec des personnes qui jouent le même rôle que vous ou qui joueront le même rôle. Il s’agit donc d’un élargissement du bagage culturel qu’il ne faut pas négliger.

Les difficultés du début sont toujours sous-estimées. Si je devais donner un conseil à quelqu’un : en cas de problème, agissez immédiatement. N’attendez pas qu’il vous tombe dessus. Agissez à la volée car au début, on a toujours tendance à considérer que c’est plus facile. Si vous le laissez là, il devient ingérable. C’est la principale leçon opérationnelle que j’ai l’impression de transmettre.

Parce que nous avons eu à le subir nous-même. C’est vraiment une leçon que nous avons apprise. Si vous la négligez, vous devenez ingérable, il est donc préférable d’agir dans l’instant.

Comme ZANASI opère dans un domaine technique très spécifique, quels défis avez-vous rencontrés dans la gestion de projets liés aux imprimantes industrielles et comment avez-vous utilisé PRINCE2 pour surmonter ces défis ?

Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés chaque jour est d’essayer de faire quelque chose pour lequel nous ne sommes pas seulement sûrs d’y arriver, mais aussi qu’il est physiquement possible de le faire.

Comme il s’agit de recherche et de développement, il peut arriver que nous nous heurtions à un mur et que nous n’allions pas plus loin.

Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés est de gérer cette incertitude globale dans les projets que nous menons. Comment PRINCE2 nous a-t-il aidés ? Avec la gestion des risques.

Cette incertitude est devenue pour nous un risque de projet, et c’est pourquoi toute la gestion du risque qui est prévue, et la préparation des réponses au risque dans la phase d’analyse, est la partie qui nous a aidés à surmonter cette pierre d’achoppement.

C’est certainement l’un des thèmes que nous exploitons le plus.