Quelle est votre fonction actuelle, quelles sont vos missions ?
Je travaille en tant que chef de projet au Laboratoire d’idées, une agence de communication et de relations publiques, spécialisée dans la production de contenus culturels et de projets durables.
Être chef de projet, c’est être le point de référence du client tout en s’occupant des activités et des interlocuteurs ; planifier les actions de communication, coordonner les fournisseurs et suivre les résultats. C’est faire tout cela, chaque jour, pour des clients différents, chacun dans une phase différente, avec des catégories de produits, des besoins et des délais différents.
J’ai une formation en sciences humaines et en économie, mais ma passion a toujours été le tourisme, qui est, selon moi, le point de rencontre entre ces deux disciplines. Je coordonne des projets de marketing territorial et de communication touristique pour des entités publiques et privées. En ce moment, j’ai l’opportunité de suivre quelques projets Interreg et l’opportunité de contribuer à l’élaboration de stratégies de coopération européenne efficaces, notamment au niveau de la communication, ce qui est très intéressant et une source de grande fierté.
Le secteur de la communication est très mouvementé, quels défis avez-vous rencontrés dans votre conduite du changement ?
Tout projet de communication détermine (ou est déterminé) par un changement : pour qu’il soit réussi, il faut parfois adapter sa communication ; changer le ton ou le vocabulaire, changer le public auquel on s’adresse ou encore changer les lieux dans lesquels on communique.
Si cela fonctionne, c’est la perception qu’a le public d’une marque qui va changer, qu’il s’agisse d’un service, d’un produit ou d’un territoire.
Le monde de la communication, s’il est compris dans son sens le plus large, a une telle histoire et une richesse d’expérience, que les outils pour gérer le changement sont ancrés dans les projets. De fait, les outils et méthodes représentent la partie fondamentale du projet lui-même.
Une méthodologie de conduite du changement telle que Change Management fournit une nomenclature et un ordre de processus qui vous permettent d’avancer vers le résultat de manière plus structurée. A titre d’exemple, les objectifs de segmentation d’un Stakeholder Radar suivent les objectifs des Focus Groups de la matrice publicitaire des années 1980, mais sans le guide normé et standardisé du Radar (Gouvernance, Fournisseur, Client, Influenceur) on pourrait courir le risque de de ne pas impliquer un interlocuteur fondamental ou de ne pas atteindre les résultats souhaités.
D’autre part, les connexions humaines et numériques qui animent un projet de communication rendent parfois ses dénouements imprévisibles, notamment en termes de temps, et il est donc difficile de le réduire à un modèle. Cependant, avoir une référence qui aide à décoder les phases d’un changement offre un soutien précieux et supplémentaire, délivre une autorité presque mystique et augmente la confiance du client pour être guidé dans la croissance et l’évolution nécessaires pour conquérir de nouveaux scénarios.
Comment l’application de Change Management a-t-elle amélioré votre méthode de travail ?
Change Management m’a fourni une approche holistique du processus, accordant une importance cruciale à la perspective intime des personnes lorsqu’elles traitent des changements d’entreprise et à une perspective d’entreprise lors de l’interception des changements chez les personnes. Aujourd’hui plus que jamais, j’ai conscience que ce sont les individus qui font les entreprises et avant de penser au produit ou au service il faut aligner et fédérer ceux qui, à tous les niveaux, rendent possible la présence d’une marque sur le marché.
Au cours de la dernière année, la pandémie a entraîné de grands changements dans toutes les réalités, mais elle a profondément impliqué le monde de la communication. Avec la prise de conscience acquise après cette période difficile, quelles seront selon vous les prochaines tendances ou changements qui seront observés dans ce domaine ?
En tant qu’agence de communication qui organise également des événements, nous avons vu des défis depuis 1996 et peut-être pouvons-nous essayer de prédire quelles réalisations resteront à jamais (nous en avons également parlé ici).
Certes, le public restera une composante essentielle de la communication, mais la technologie – et ce que nous avons appris de la technologie – restera un outil pour toujours.
C’est le cas des événements hybrides, en particulier pour un monde qui regarde dans le sens de la durabilité. Des événements avec des intervenants connectés depuis le monde entier au lieu d’être présents, peuvent être appréciés et défendus.
Les conventions/conférences/congrès pourraient alors s’habituer au format phygital et voir une contraction des journées et du public au profit d’un élargissement des formats et des modes de rencontre.
Les grands événements mainstream (comme les concerts d’artistes de renommée internationale) reviendront certainement et nous reviendrons au théâtre, mais nous devrons nous habituer à un divertissement généralisé. Le cinéma ou les festivals en plein air même dans les petits villages, par exemple, pourraient trouver une nouvelle diffusion.
Ce n’est pas un hasard si Airbnb a changé sa proposition de valeur en réponse à une tendance émergente. En effet, ces derniers mois, nous sommes nombreux à découvrir ou à réévaluer le tourisme local, en apprenant à apprécier les activités en pleine nature, par exemple, les balades ou les apéritifs dans le vignoble ou les dégustations dans les fermes. Nous attendons beaucoup de nouvelles offres à cet égard.
En fin de compte, cela restera la nouvelle perception de notre temps. Après les heures passées sur les webinaires, les réunions Zoom, Instagram direct et whatsapp call, nous n’avons plus le temps – ni l’envie – d’assister à un « événement uniquement pour l’événement ». Nous recherchons désormais du contenu précieux et une réelle opportunité de connaissance ou d’apprentissage, qui sont nécessaires pour justifier le temps que nous décidons d’y consacrer.
Chiara Badini
Chiara est certifiée Change Management Practitioner et travaille au Laboratoire d’idées, une agence de communication et de relations publiques, en tant que chef de projet de projets culturels et touristiques régionaux, nationaux et européens.
