Quelle est votre fonction actuelle ?
Je suis Chef de Programme basé en Afghanistan pour le Comité International de la Croix Rouge. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fournit une assistance humanitaire aux personnes touchées par un conflit ou une situation de violence armée.
Quelles sont vos missions ?
Mon travail consiste à délivrer des produits et des résultats (bénéfiques autant que faire se peut) via des projets techniques qui, pour la plupart, visent des hôpitaux et des prisons en Afghanistan. Notre but est de réduire la mortalité, la morbidité et la souffrance causées par la perturbation des services essentiels lors du conflit armé. Nous ciblons des populations affectées par le conflit en zone rurales et urbaines.
Comment êtes-vous arrivé à effectuer une carrière en gestion de projet ?
Lorsque j’ai commencé ma carrière, diplôme d’ingénieur en poche, j’ai rapidement pris une position de chef de projet junior pour une ONG à l’international. Je faisais naturellement ce que je savais faire : des calculs et des dimensionnements. Mais projet par projet, et surtout en rejoignant le CICR, j’ai compris que l’essentiel se trouvait ailleurs pour un chef de projet. Et que ce soit en équipe ou en individuel, je me suis souvent efforcé à combler mes lacunes plutôt que de renforcer mes capacités ce qui a ses avantages et ses inconvénients. Ma certification en gestion de projet m’a offert une méthode avec laquelle je pouvais naviguer facilement sur mes projets. Aujourd’hui j’aborde les projets dans des milieux complexes plus facilement.
Quels sont les plus gros problèmes/challenges que peut rencontrer une ONG au cours de projets ?
La plupart des problèmes rencontrés sur les projets portés par une organisation humanitaire sont les mêmes que pour n’importe qu’elle autre organisation, néanmoins, leurs intensités varient considérablement selon les contextes.
Ils sont donc souvent autour de la gestion des parties prenantes (80% de mon travail !) des ressources disponibles, et de l’accès à l’information.
Sur ce dernier point, lorsque nous n’avons pas accès aux populations affectées par le conflit – par exemple pour des raisons de sécurité – nos challenges peuvent prendre des proportions considérables.
Le recours aux technologies à distance n’est souvent pas un moyen de faire face à la détérioration de la situation en matière de sécurité et d’accès (un simple téléphone ou appareil photo peut être rédhibitoire et vous entraîner dans une spirale infernale de suspicion et de manque de confiance). Par ailleurs, il peut participer à notre éloignement physique des communautés affectées par le conflit.
Comment le recueil « Change management body of knowledge » vous a-t il aider dans votre quotidien ?
Ce livre est remarquable. Il est aussi très dense (je n’ai pas encore tout lu !). Il n’offre pas de méthode mais m’a permis de structurer mes idées autour du changement. Il est facile à comprendre et, de mon point de vue, se marie bien avec le PMBOK.
Dans mon travail, j’aspire à faire en sorte que les solutions soient conçues et livrées tout en étant efficacement adoptées et utilisées ; et de ce point de vue le change management m’est essentiel.
En général, nous souhaitons que nos projets/programmes aient un impact positif sur les populations que nous ciblons, mais je trouve que notre attention se focalise trop souvent et trop rapidement sur les livrables eux même. Le change management se penche davantage sur cette composante soft qui est pour moi indispensable au succès de nos projets. Si hier, la composante «change» de mes projets se réduisait à une simple formation, aujourd’hui je fais beaucoup plus attentions aux cultures organisationnelles et aux réelles motivations des parties prenantes par exemple.
Quelles sont pour vous les clés du succès d’un projet international/humanitaire?
Humilité et persévérance, méthode et écoute.
Citez trois notions que vous souhaiteriez apprendre dans un proche avenir pour vous développer en tant que professionnel ?
- La négociation : compte tenu de l’importance de la gestion des parties prenantes dans mon travail, la négociation (avec une dimension interculturelle en particulier) m’intéresse énormément.
- La gestion de programme : Renforcer mes compétences en gestion de programme (qui s’allie bien avec le change management)
- L’élaboration de stratégies : Très importante dans mon quotidien, c’est également une mes priorités.
A lire également : La gestion de projet dans une organisation à but non lucratif – Interview de Marta Binaghi