Quelle est votre fonction actuelle, quelles sont vos missions ?
Je travaille au sein de la Division de la recherche internationale de l’Université de Rome Tor Vergata, le bureau administratif qui supporte les départements dans toutes les charges liées à la gestion des projets de recherche financés, essentiellement, par la Commission européenne à travers le programme-cadre, Horizon 2020.
Comment êtes-vous arrivé à effectuer une carrière dans le domaine universitaire ?
J’ai commencé à travailler dans le domaine des TIC puis à m’occuper de la gestion de projet. Ensuite, j’ai retrouvé le chemin de l’université pour réaliser le projet de création de la première université à distance, la première structure publique qui proposait du e-learning en Italie, l’IAD de Tor Vergata.
Au sein de l’université, j’ai commencé à m’occuper des financements nationaux et internationaux, puis au fil des années, je me suis consacré à certains projets.
Quelles sont les problématiques/challenges que rencontrent la gestion de projet en ce moment ?
Le défi consiste à adopter les méthodologies de gestion de projet dans des domaines qui ne sont pas purement techniques. J’ai toujours utilisé des méthodes de gestion de projet dans la gestion des services, avec d’excellents succès. Le problème est que je n’ai jamais pu expliquer aux collaborateurs et aux utilisateurs l’importance de ces méthodologies, qui étaient souvent délaissées. Il n’est pas possible, selon moi, de transmettre la valeur ajoutée d’une utilisation correcte de ces méthodologies.
Le but, dans le cas d’un projet, c’est le résultat : vous pouvez avoir tous les certificats que vous voulez mais si vous n’utilisez pas vraiment la méthode, si vous ne l’adaptez pas, si vous ne la mettez pas à jour, vous ne l’utilisez pas correctement depuis le début du projet, alors c’est inutile.
Y-a-t-il des défis particuliers en Italie ?
L’Italie a un problème lié au type d’organisations, tant publiques que privées, fortement pyramidales et non orientées projet. Les organisations qui se sont réorganisées pour des projets en Italie sont toutes des organisations multinationales également basées en Italie, à l’exception des entreprises italiennes leaders du secteur.
L’enjeu est d’essayer d’utiliser la gestion de projet dans les services et en particulier dans les services publics, qui pourrait être un vrai moteur. L’Italie a la force de le faire et à mon avis, cela devrait commencer par les universités.
Même pour une recherche de groupe il est important d’avoir une méthodologie : on ne peut pas déléguer l’organisation à des enfants ou ados sans enseigner une méthodologie, sinon il arrive qu’une personne fasse les devoirs et que les autres… aillent dans une pizzeria. Parfois, cela arrive aussi chez les adultes, mais à mon avis, il faut commencer par les écoles.
En Italie, nous ne savons pas comment travailler en équipe et c’est devenu plus évident ces dernières années. Bruxelles est un bon point d’observation ; jusqu’à il y a trois ans, il y avait une division plus ou moins basée sur le bassin linguistique culturel, où l’on retrouvait une partie des membres parlant le français et l’autre l’anglais. Désormais, s’opposent ceux qui savent travailler en groupe et ceux qui ne le savent pas, ceux qui savent travailler en équipe et ceux qui ne le savent pas, ceux qui savent travailler en réseau et qui ne le savent pas.
Hormis cela, le principal défi de l’administration publique est d’adopter ces méthodes de services et la seule façon d’y arriver est la formation.
Comment avez-vous abordé la méthode PM² ? Quels sont les défis que PM² peut aider à relever ?
Simplicité : PM² est simple et cohérent, la méthode contient toutes les instructions et tous les outils. Et, par rapport à d’autres méthodologies, elle permet un démarrage rapide, également dû au fait que la Commission Européenne ait publiée cette méthode en open source, c’est-à-dire qu’elle autorise son exploitation et sa diffusion sans frais, il suffit de mentionner la source.
La possibilité de redistribuer librement le guide permet l’implication de nombreuses organisations, publiques et privées. Dans le prochain plan financier pluriannuel de l’Union européenne nous aurons même les Régions qui pourront être appelées à collaborer sur le volet coopération internationale et sur les politiques de voisinage. Si nous voulons relever ce défi, nous devons former nos élus locaux à coopérer avec des collègues d’autres nations. Faire des projets utilisant un langage et une méthodologie communs est un défi pour le système du pays. Compte tenu également de la possibilité d’intégration ou de coordination qui sera lancée entre les fonds structurels et les fonds gérés directement, l’intégration sera extrêmement complexe, notamment les personnes ne sont pas efficaces au niveau de l’administration locale.
Les pays de l’Europe de l’Est sont généralement plus petits, ils ont la taille de notre région donc ils n’ont pas cette criticité, ils vont gérer l’intégration des fonds au niveau national. En revanche, comme l’Italie a de grandes régions ; par exemple la Lombardie, le Latium ou encore les Pouilles, nous sommes en situation d’urgence : nous avons un an pour nous former. Lorsque le prochain plan financier pluriannuel commencera, nous devrons avoir acquis ces compétences.
Le prochain plan pluriannuel comprendra également un audit intermédiaire : si nous n’engageons pas correctement les fonds, ils seront – à juste titre – réaffectés à ceux qui les utilisent. En Italie, le risque de ne pas pouvoir évoluer en équipe est malheureusement élevé. Une méthodologie ouverte et librement accessible telle que PM² est nécessaire. Et il sert l’Italie, notre système national.
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