La Grande Démission ou Great resignation est un mouvement massif de démissions professionnelles qui arrive tout droit des Etats-Unis. Mais de quoi s’agit-il réellement ? Pourquoi une telle révolution des professionnels ? Qu’en est-il de la France ? Comment les entreprises peuvent-elles conserver leurs précieuses ressources ?
Qu’est-ce que le phénomène de la Grande Démission ou « Great Resignation » ?
La grande démission indique un phénomène qui a commencé aux États-Unis suite à la pandémie de COVID-19 pour lequel de nombreux professionnels de tous les domaines ont décidé de quitter leur emploi pour se consacrer à la recherche d’un équilibre plus sain entre vie privée et vie personnelle, dans la plupart des cas sans avoir de plan B.
Le phénomène a atteint des records jamais enregistrés auparavant : certaines analyses récentes menées par le professeur Ian Cook, qui a analysé plus de 9 millions de travailleurs dans plus de 400 entreprises, ont révélé deux grandes tendances :
- Les démissions concernent un pourcentage plus élevé d’employés occupant des postes moyens-élevés.
- Les domaines les plus touchés sont la technologie et la santé.
Grande démission : les causes
La pandémie a bouleversé la vie de chacun d’entre nous, mais s’il est possible de comprendre les raisons pour lesquelles les professionnels de santé ont décidé de changer de métier compte tenu du grand engagement physique, émotionnel et psychologique qui leur est demandé, pourquoi le phénomène de Grande Résignation a également touché d’autres secteurs ?
Les secteurs durement touchés par cette Great Resignation
Pourquoi les industries de services comme la vente au détail, l’hôtellerie, la restauration, etc. continuent-elles à enregistrer de nombreuses démissions ?
Évidemment, il est facile de comprendre pourquoi le commerce de détail, la restauration et les secteurs similaires ont été touchés par cette situation : travailler en étroite collaboration avec le public dans cette situation s’est avéré extrêmement stressant et difficile. L’équilibre entre la qualité de vie (et les risques) et les salaires dans de nombreux cas n’a pas été perçu comme équitable.
La pandémie a (malgré tout) offert de nouveaux avantages et de nouvelles méthodes de travail : le télé-travail a en effet entraîné une plus grande flexibilité, la possibilité de mieux organiser la vie privée et professionnelle ainsi que tous les avantages, tant économiques qu’en termes de temps de trajet.
Après avoir expérimenté de nouvelles méthodes et structures de travail, après avoir compris qu’on peut être tout aussi productif n’importe où dans le monde, de nombreux « desk workers » ont donc décidé de quitter leur emploi stable et de se consacrer à une vie plus aventureuse, à la recherche d’opportunités d’emploi.
Grande démission en France
Bien que tardive par rapport aux États-Unis, le phénomène de Grande Démission s’est également produit en France, où les démissions atteignent des niveaux records :Les dernières statistiques du ministère font ressortir une augmentation du nombre de démissions de salariés en CDI, en juillet dernier, de 19,4 % par rapport à 2019, et une hausse de 25,8 % des ruptures anticipées de CDD.
Oui, la tendance est là, il n’y a absolument aucun doute possible et son impact est très, très direct. Pour 73% des dirigeants d’entreprise, selon une étude du cabinet de conseil Deloitte, la difficulté de recruter les meilleurs talents représente la première menace sur les entreprises pour l’année à venir. Et oui, qui dit démission dit difficulté de recrutement, car ces démissions sont basées sur des éléments souvent très concrets, que ce soit le salaire, les conditions de travail ou le bien-être en général.
En janvier 2022, 360learning a mené une étude auprès de 900 français pour savoir si la Grande Démission est uniquement liée aux bas salaires et aux préoccupations en matière de sécurité dues à la pandémie, ou si cette tendance révèle quelque chose de plus large : un changement fondamental dans la façon dont les Français envisagent leur relation au travail.
En dépit de l’augmentation significative du coût de la vie en France, les bas salaires ne sont que la troisième raison la plus fréquemment invoquée par les travailleurs pour quitter leur emploi. Alors, si ce ne sont pas les salaires qui motivent la Grande Démission, qu’est-ce que c’est ? L’étude a démontré que de nombreux salariés veulent désormais avoir plus de temps pour eux, ne pas subir la pression dont ont souffert leurs parents ou bien agir pour l’environnement. On est donc face à une nouvelle génération qui place la qualité de vie au-dessus du salaire, ou de la vision de ce qu’est un emploi “stable” aujourd’hui comme le CDI.
Mais comment les entreprises peuvent-elles agir ? Cette grande démission est-elle une fatalité ?
Pour lutter contre ce phénomène, les entreprises, de toutes tailles, doivent réagir. Voici quelques suggestions de l’écrivain et conférencier spécialiste sur les enjeux RH, Gaël Chatelain-Berry :
- Être à l’écoute de ses salariés (mais vraiment !)
- Proposer un équilibre vie privée/vie professionnelle
- Passer à un management par objectif et lutter contre toutes les formes de présentéisme
d’autres pistes d’amélioration :
- Améliorer les processus d’onboarding et offboarding
- Favoriser le lien social et les activités de team-building au sein de l’entreprise
- Continuer à former le personnel pour soutenir leur croissance et monté en compétences
- Fournir des outils de travail efficaces
- Travailler de façon plus éthique et élaborer un plan de RSE concret
- Encourager l’activité physique
- Offrir des avantages qui vont au-delà du salaire et récompenser vos employés
- Cultiver le plaisir au travail
Conclusion
Même si la perception du phénomène change sensiblement selon les différentes sources, la Grande Démission, ou plutôt la “Grande remise en question” n’est certainement pas un événement à sous-estimer : les entreprises doivent travailler dur pour pouvoir retenir et motiver les employés sur le long terme. Les professionnels sont de plus en plus conscients des possibilités que leur garantit le monde du travail et réussir à satisfaire ses salariés reste l’un des plus gros défis des entreprises.
